28 mars 2024

L’opposition contrôlée mise sur orbite

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LA RÉPRESSION
 contre les délinquants de la pensée ne faiblit pas. Hervé Ryssen a de nouveau été condamné en appel à un an d’emprisonnement dont six mois ferme pour plusieurs passages de son dernier livre daté de 2018, L’antisémitisme sans complexe ni tabou, le président de la cour d’appel demandant que cette peine de six mois ferme soit exécutée sous forme du port d’un bracelet électronique. L’essayiste Alain Soral a lui été condamné par la même cour d’appel pour différents propos politiquement incorrects à quatre mois de prison ferme qui seront à exécuter sous le régime de la semi-liberté. C’est-à-dire que le détenu dort la nuit en prison où il doit se rendre chaque soir et en ressort le matin pour y revenir en fin de journée. Le fondateur et président d’Egalité et Réconciliation avait déjà été condamné par la cour d’appel de Paris dans une autre affaire à neuf mois de prison ferme, ce qui fait treize en tout, à exécuter également sous la forme du régime de semi-liberté.

Notons que la loi permet désormais aux magistrats de préciser dans leurs décisions le type d’exécution des condamnations, alors qu’auparavant c’était le juge d’application des peines qui statuait souverainement pour les peines inférieures ou égales à deux ans d’emprisonnement ferme. Dans trois semaines, le 23 juin, Dieudonné sera, quant à lui, fixé sur la peine à laquelle le condamnera la cour d’appel de Paris dans une affaire fiscale. En première instance, il avait été condamné à deux ans ferme. L’humoriste qui organise le samedi 26 juin la dernière édition de son annuel Bal des Quenelles a en effet demandé l’asile politique à la Turquie où il compte s’installer désormais, comme c’est déjà le cas depuis 2017 du talentueux pianiste Stéphane Blet.

LE SAMEDI 29 mai, c’est Rémy Daillet-Wiedemann qui était arrêté en Malaisie, ainsi que sa famille, par la police malaisienne pour expiration de son visa. Mais en vérité les autorités françaises ont délivré un mandat d’arrêt international le 20 avril 2021 contre le dynamique quinquagénaire qui appelait, depuis octobre dernier, dans des vidéos au renversement de la République française, à « un coup d’Etat populaire et pacifique ». Il est officiellement mis en cause pour sa participation supposée à la restitution de la petite Mia à sa mère, la justice française ayant retiré la garde de la fillette à sa génitrice. Mais au-delà de cette affaire rocambolesque, ce qui est surtout reproché dans les faits à Rémy Daillet, c’est d’une part d’appeler au renversement de la République avec un discours clair et des propositions radicales, et d’autre part d’avoir tenu des propos jugés “négationnistes”, ce qui est le crime suprême sous nos latitudes. D’après Le Parisien, il fait en effet l’objet d’une notice d’Interpol pour avoir salué dans une vidéo l’inscription d’’un tag révisionniste, en août 2020, sur le Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane, faisant référence aux travaux de l’intrépide chercheur Vincent Reynouard sur la question. On trouvera en pages centrales la longue interview que, ô coïncidence, Rémy Daillet nous avait accordée quelques heures seulement avant son arrestation en Malaisie. Il y expliquait son projet, développait son analyse de la situation et se défendait contre les accusations portées contre lui.

Son incarcération qui pourrait hélas durer (il pourrait être extradé d’un moment à l’autre en France) prouve que s’exiler à l’étranger, même à des milliers de kilomètres de notre pays, ne garantit nullement sa sécurité et sa liberté. Vincent Reynouard à Londres, qui est activement recherché par un organisme gouvernemental luttant contre les génocides et les crimes de haine (sic !) qui entend l’extrader en France à cause de ses activités révisionnistes, Boris Le Lay à Tokyo, Alain Soral à Lausanne, même si ce dernier bénéficie de la double nationalité, française et suisse, ne sont donc pas complètement à l’abri d’une mésaventure comparable à celle que connaît actuellement Rémy Daillet qui, depuis sa cellule, a entamé une grève de la faim. Jean-Christophe Basson-Larbi, l’un de ses avocats, condamne des conditions de détention « inhumaines et dégradantes extrêmement difficiles ». Le conseil souligne que Daillet, « sa compagne et leurs enfants de 17 ans, 9 ans et moins de 2 ans, (tous détenus), vivent l’enfer ». Et l’avocat d’ajouter que la compagne de Daillet « qui est actuellement enceinte de six mois dans le cadre d’une grossesse à risque, craint de perdre son enfant. »

Quel que soit le jugement que l’on porte sur l’opportunité des actions menées et des initiatives prises jusque-là par Rémy Daillet, et même si l’on peut juger très naïf, quoique tout à fait sincère, son appel par vidéos successives, aujourd’hui d’ailleurs toutes censurées, au renversement de la République auquel personnellement nous n’avons jamais cru (cela n’est pas si simple en effet de renverser un régime politique comme la République française, nous sommes payés pour le savoir depuis deux siècles, et l’incarcération de Daillet en Malaisie qui est d’évidence la résultante des pressions des autorités françaises sur Kuala Lumpur montre une nouvelle fois que, si la République gouverne mal, elle se défend bien et ne fait aucun cadeau à ses opposants les plus résolus), cet embastillement est scandaleux et odieux. Et d’autant plus révoltant qu’il concerne même une femme et des enfants mineurs. Rémy Daillet n’est pas un assassin, ni un terroriste, ni un malfaiteur, ni un brigand, ni un voyou. Il est honteux de le traiter, lui et sa famille, de manière aussi brutale. Dans ces circonstances si douloureuses pour lui et ses proches, nous lui exprimons toute notre compassion et notre sympathie car c’est dans la tempête que l’on compte ses amis et que l’on a besoin de prières, de soutien, de manifestation d’amitié et de fraternité, même si l’on peut avoir des désaccords stratégiques ou des divergences tactiques. Ce qui lui arrive aujourd’hui pourrait concerner demain tout dissident résolu et véritable, il faut en être conscient.

PENDANT QUE LES VRAIS OPPOSANTS subissent une répression accrue, l’opposition contrôlée, elle, a le vent en poupe. Les sondages prédisent des résultats remarquables au Rassemblement national dont la présidente est l’invitée de tous les grands media qui l’interrogent de manière généralement très complaisante. Jacques Attali qui avait prédit l’élection de Macron avant 2017 et le choix d’Edouard Philippe comme Premier ministre explique depuis plusieurs années déjà que c’est une femme qui succédera à Macron à l’Elysée. Le mois dernier, Attali a précisé sa pensée en expliquant que Marine Le Pen serait élue en 2022. Connaissant les propos prophétiques (généralement pour le pire) de l’homme qui murmure à l’oreille des présidents depuis quarante ans, nous ne devons pas prendre à la légère cette prédiction. Tout se passe en effet comme si une partie au moins de l’Etat profond avait décidé de placer à l’Elysée la benjamine de Jean-Marie Le Pen. Cela aurait en effet pour le Système plusieurs avantages. Alors que la situation est de plus en plus chaotique, qu’il ne se passe pas une semaine sans qu’un policier se fasse tirer dessus, que les mesures de confinement ont considérablement aggravé les difficultés de notre pays et creusé son endettement massif, l’Etat profond pourrait avoir la tentation de refiler la patate chaude à la présidente du Rassemblement national. Quitte, si le chaos et l’anarchie s’installent sous sa présidence et si des bavures policières se produisent à discréditer pour un demi-siècle toute « l’extrême droite », même celle non mariniste ou anti-mariniste. Il s’agirait d’agir comme on le fit en 1940 avec le maréchal Pétain qui fut traité par la suite ignominieusement. Il n’y a bien sûr aucune comparaison possible entre Marine Le Pen et Philippe Pétain (ce serait insultant pour le second), mais le scénario pourrait toutefois avoir quelque ressemblance avec le précédent. Après tout, avant d’être scandaleusement condamné et diabolisé, le maréchal Pétain jouissait d’un extraordinaire prestige et était considéré comme un général républicain, pas du tout factieux ou anti-régimiste, et n’avait pas non plus la réputation d’être un pilier d’église !

De plus, comme Marine Le Pen, qui est d’une incompétence totale et qui n’a nullement autour d’elle une équipe de qualité, a abandonné tous les fondamentaux de la droite nationale, qu’elle n’entend plus désormais, contrairement à 2017, sortir de l’euro et de l’Union européenne, ni de Schengen, ni de la juridiction de la Cour européenne des droits de l’homme, qu’elle est depuis longtemps pour le maintien des lois Pleven et Gayssot, qu’elle est en faveur de la législation actuelle sur l’avortement, le Pacs et le “mariage” homosexuel, qu’elle s’est prononcée pour le remboursement de la dette, pour les confinements à répétition, le port du masque et la vaccination de masse, pour le maintien d’une lourde imposition des classes moyennes et entrepreneuriales (il est loin le temps où le FN prônait dans son programme législatif la suppression graduelle de l’impôt sur le revenu, des droits de succession et de l’ISF !), qu’elle a par ailleurs renoncé au rétablissement de la peine capitale pour les assassins multirécidivistes et les crimes les plus odieux, qu’elle a abdiqué toute politique de réémigration, qu’elle a pris parti pour l’entité sioniste et approuvé la répression des Palestiniens par l’Eretz, bref, qu’elle ne s’opposera en rien à la pensée unique, son accession à l’Elysée ne serait en rien une catastrophe pour l’Etat profond si l’on se donne la peine d’y réfléchir de manière calme, froide et lucide. Cela pourrait au contraire précipiter le chaos et la guerre civile que d’aucuns brûlent de provoquer pour conduire notre pays à la tombe.


Jérôme BOURBON, RIVAROL N°3474 DU 02 JUIN 2021

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